"L’esprit de Nico est derrière tout ça" Les parents du jeune joueur Saint-Maximinois de 15 ans décédé après un choc, créent une association

"Si on avait interdit, ce jour-là, à Nico de jouer parce qu’il n’avait pas les bons crampons, je l’aurais probablement mal vécu sur le moment, ayant fait le déplacement depuis le Var jusqu’en Corse pour le match… Mais aujourd’hui, avec le recul, imaginez combien cette consigne aurait été précieuse, pour lui, et pour nous?"
Le décès de leur fils, joueur de l’entente Provence verte et également licencié du RC Toulon, en mars dernier après un choc lors d’un match en Corse contre Bastia XV a secoué tout l’univers rugbystique, et bien au-delà. Frappés par le pire drame possible, les parents de Nicolas Haddad toisent la fatalité avec une dignité qui force le respect: "Nous n’en voulons à personne: ni au rugby, ni au jeune joueur qui a malgré lui heurté Nico, et qui en restera marqué, ni au règlement, aux arbitres, etc. Il n’y a aucun coupable."
Aujourd’hui, en hommage à leur fils aîné, Hadi et Layal débutent un nouveau match. "Pour lui, en son nom, nous avons souhaité créer l’association Merci Nico". Un nom qui s’est imposé naturellement, comme un cri du cœur. "Toute cette mobilisation, cette bienveillance qui nous entoure depuis qu’il n’est plus là… Nous savons bien que c’est lui, son esprit qui est derrière tout ça".
"Nous n’en voulons pas au rugby. C’était la grande passion de Nico, et ça reste la grande passion de ses frères, Raphaël et Chris. Ils ont tous commencé en "baby", et ils ont choisi de continuer à y jouer, aujourd’hui encore…" La mobilisation "exceptionnelle et spontanée " du monde du rugby pour soutenir la famille endeuillée l’a également très touchée.
"Ce jour-là, par deux fois déjà, Nico avait perdu ses appuis"Les parents de Nico souhaitent aujourd’hui servir la cause du rugby, en sensibilisant et formant sur la prévention. "A hauteur d’homme, on constate des choses que l’on peut améliorer. Et si nos actions permettent au final d’éviter ne serait-ce qu’une fracture, cela aura valu le coup, et Nico en serait fier et heureux".
Au cœur de leurs préoccupations, en guise de premier combat, il y a les appuis. "Nico qui jouait avec les élites du RCT, avait du bon matériel. Mais les crampons moulés étaient-ils adaptés ce jour-là à un terrain synthétique, en condition humide? " Le papa de Nico était en tribune lors du funeste match, en Corse. "Nico a perdu ses appuis alors qu’il préparait un plaquage, c’est ce qui a provoqué le choc, inévitable… Par deux fois déjà dans le match, il avait glissé. S’il existait un protocole, comme pour les commotions, pour sortir un joueur dont les appuis ne sont pas assurés, cela éviterait des accidents ".
L’association "Merci Nico" a donc pour objectif premier de sensibiliser et de former à ce sujet les éducateurs, arbitres, parents… "Nous comptons témoigner, auprès du plus grand nombre de clubs possibles. Nous sommes les parents de Nico: notre parole comptera! " Ils ont également en tête "la réalisation de fiches de conseils, sur quels crampons utiliser sur quel terrain, etc. Nous observons que neuf fois sur dix, les crampons ne sont pas adaptés. Beaucoup de parents, peu ou pas informés, choisissent des chaussures de football, ou les moins chères… Il y a un travail de sensibilisation à mener sur ce sujet!"
Les parents de Nico ont également pu mesurer l’écart entre l’encadrement du RCT, et celui de clubs plus petits. "Avec le RCT, le médecin était très ferme: au moindre choc un peu trop fort, notamment sur la tête, tu sortais. C’est différent dans les petits clubs, où souvent les parents eux-mêmes disent à leurs enfants "Relève-toi, continue à jouer, ce n’est pas grave". Mais il ne faut pas minimiser ces chocs".
"Joyeux, festif, comme l’était Nico"L’association poursuit aussi un but fédérateur, festif, "dans l’esprit du caractère de Nico, et du rugby aussi. On veut que son nom reste bien vivant! "
Ce mercredi 28 mai, un premier rendez-vous, fondateur, s’annonce. "Nous préparons une belle soirée, un gros repas, pour le jour de son anniversaire. Nous aurions pu le faire en douce, entre nous, en pleurant mais non: il faut que cela soit musical, festif, joyeux comme Nico, avec tous ses copains, qui ont tenu à être là, aux premiers rangs, comme à ses obsèques." Plus de 200 personnes ont déjà réservé.
D’autres projets - un camp d’été de perfectionnement, des tournois, et tant d’autres choses… - sont déjà dans les têtes, "avec le RCT ou avec le club de Saint-Maximin, qui ne nous lâchent pas, comme celui de Bastia d’ailleurs "…
Des actions qui sont autant de manifestations d’amour: "Cette association, c’est aussi notre cadeau d’anniversaire, pour lui. Et pour qu’il reste toujours bien vivant, avec nous. "
Élans de bienveillance"On entend souvent que les gens sont méchants, égoïstes, etc. Mais dans ce drame qui nous touche, nous sommes chaque jour stupéfaits de la gentillesse et du soutien que nous recevons continuellement, tous les quatre", témoignent Hadi et Layal. Qui profitent de leur premier échange avec un journaliste pour faire passer un message: "On n’a pas pu remercier tout le monde, mais sachez que notre gratitude est immense… Dans la famille du rugby d’abord, et depuis le monde entier, les Corses, les Saint-Maximinois, les institutions, les citoyens, les amis de Nico. On a reçu tellement de bienveillance! "
L’exceptionnelle et émouvante haie d’honneur de 3.000 personnes à Saint-Maximin, lors des obsèques, depuis le stade jusqu’à la basilique en est une autre illustration. "Certains sont venus de très loin, de Lille, du Liban, de Paris, juste pour prendre part à cette haie ".
Et le Pilou Pilou, "Parce que Nico", lancé, par ses copains, résonne encore sur le parvis de la Basilique. Des copains du collège "qui ont d’eux-mêmes voulu s’investir dans l’association en tant que bénévoles", observent encore les parents, très émus.
Var-Matin